Persistance du trifonctionnalisme
Pour le philosophe Marcel Gauchet, communisme et nazisme sont des "religions séculaires". Ce n'est pas une nouveauté. Raymond Aron avait déjà indiqué _ avec précaution _ le caractère " religieux" de ces deux idéologies. C'est, d'ailleurs, un fait assez évident. Pour prendre un exemple, la Shoah ne répondait à aucune nécéssité politique. Elle ne pouvait trouver une justification que dans un contexte de nature religieuse, les nazis assimilant les Juifs au Mal absolu. Sans doute est-ce choquant pour les fidèles des "religions dites du Livre", parce que ces deux idéologies sont athées. Mais il faut rappeler que plusieurs religions orientales _ Jaïnisme de l'Inde, Bouddhisme, Confucianisme, Taoisme, etc, _ sans être athées au sens moderne du terme, ne placent pas la divinité au centre de leur culte et de leur pratique.
Cependant, et c'est dommage, Gauchet ne se préoccupe pas de l'origine métaphysique de ces idéologies. Il nous faut revenir à Georges Dumezil, à "l'idéologie indo-européenne", et au trifonctionnalisme. Dans une interview accordée à l'Express, Dumezil indiquait que si, sur le plan strictement religieux, des religions d'origine méditerranéenne s'étaient imposées à l'Europe au cours du premier millénaire de notre ère, le trifonctionnalisme avait survécu dans le domaine socio- politique, et il donnait pour exemple les Etats-Généraux. Rappelons que seules les deux premières fonctions, l'intelligence et la force pouvaient accéder au pouvoir, mais que la troisième, celle de la production _ autant dire le peuple _ en était exclue. Or, la révolution industrielle, partie de Grande-Bretagne au XVIIIème siècle, et qui s'est ensuite étendue à l'Occident, a provoqué un tel enrichissement de la troisième fonction, que celle-ci a accédé au pouvoir par le biais de la démocratie. Ce ne pouvait être ressenti que comme une usurpation tant par la première fonction _ les Eglises, les intellectuels, la bureaucratie _, que par la seconde _l'armée, la police._ Aussi peut-on tenir le communisme comme une réaction de la première fonction, et le nazisme, de la seconde. L'échec de l'attentat de juillet 1944 contre Hitler, opéré par les Junkers, a sonné le glas des ambitions de la seconde fonction _ tout au moins en Europe occidentale, pas en Russie._ En revanche, le soulèvement de la premiére fonction _ les intellectuels (de gauche, forcément, de gauche) contre la "finance" ( qu'on n'ose plus qualifier de juive, même si on n'en pense pas moins) est toujours dans la feuille de route. Sauver la démocratie et les libertés, acquis si péniblement, impose de maîtriser ces prétendues élites de St Germain des Prés et de Hollywood.
Théo Gregnors Novembre 2010.
Pour le philosophe Marcel Gauchet, communisme et nazisme sont des "religions séculaires". Ce n'est pas une nouveauté. Raymond Aron avait déjà indiqué _ avec précaution _ le caractère " religieux" de ces deux idéologies. C'est, d'ailleurs, un fait assez évident. Pour prendre un exemple, la Shoah ne répondait à aucune nécéssité politique. Elle ne pouvait trouver une justification que dans un contexte de nature religieuse, les nazis assimilant les Juifs au Mal absolu. Sans doute est-ce choquant pour les fidèles des "religions dites du Livre", parce que ces deux idéologies sont athées. Mais il faut rappeler que plusieurs religions orientales _ Jaïnisme de l'Inde, Bouddhisme, Confucianisme, Taoisme, etc, _ sans être athées au sens moderne du terme, ne placent pas la divinité au centre de leur culte et de leur pratique.
Cependant, et c'est dommage, Gauchet ne se préoccupe pas de l'origine métaphysique de ces idéologies. Il nous faut revenir à Georges Dumezil, à "l'idéologie indo-européenne", et au trifonctionnalisme. Dans une interview accordée à l'Express, Dumezil indiquait que si, sur le plan strictement religieux, des religions d'origine méditerranéenne s'étaient imposées à l'Europe au cours du premier millénaire de notre ère, le trifonctionnalisme avait survécu dans le domaine socio- politique, et il donnait pour exemple les Etats-Généraux. Rappelons que seules les deux premières fonctions, l'intelligence et la force pouvaient accéder au pouvoir, mais que la troisième, celle de la production _ autant dire le peuple _ en était exclue. Or, la révolution industrielle, partie de Grande-Bretagne au XVIIIème siècle, et qui s'est ensuite étendue à l'Occident, a provoqué un tel enrichissement de la troisième fonction, que celle-ci a accédé au pouvoir par le biais de la démocratie. Ce ne pouvait être ressenti que comme une usurpation tant par la première fonction _ les Eglises, les intellectuels, la bureaucratie _, que par la seconde _l'armée, la police._ Aussi peut-on tenir le communisme comme une réaction de la première fonction, et le nazisme, de la seconde. L'échec de l'attentat de juillet 1944 contre Hitler, opéré par les Junkers, a sonné le glas des ambitions de la seconde fonction _ tout au moins en Europe occidentale, pas en Russie._ En revanche, le soulèvement de la premiére fonction _ les intellectuels (de gauche, forcément, de gauche) contre la "finance" ( qu'on n'ose plus qualifier de juive, même si on n'en pense pas moins) est toujours dans la feuille de route. Sauver la démocratie et les libertés, acquis si péniblement, impose de maîtriser ces prétendues élites de St Germain des Prés et de Hollywood.
Théo Gregnors Novembre 2010.