La chute des Mayas Juin 2010
On sait que la civilisation maya apparut au 1er millénaire avant l'ère chrétienne. Durant la période classique, elle s'étendit sur le Peten, région de forêts tropicales humides, allant du Chiapas, dans le sud du Mexique, jusqu'au nord du Honduras, en passant par les plaines basses du Guatemala. Ce peuplement maya disparaît complètement au IXème siècle, pour resurgir un siècle plus tard plus au nord, dans le Yucatan. Cependant, cette période post classique fut assez différente de la précédente. Les Mayas fusionnèrent avec un autre peuple, les Toltèques. Le Yucatan est une zone de savanes sèches, et l'économie y repose sur la culture du maïs. La désertification progressive du Yucatan affaiblira la société maya, et l'arrivée
des Espagnols lui portera le coup de grâce.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la disparition de la civilisation classique. On a énormément brodé là-dessus. Les archéologues, qui sont un groupe socio-professionnel politiquement très orienté à gauche, ont, durant les années 1960, soutenu_ sans la moindre preuve à l'appui_ que la société maya s'était effondrée à la suite de révoltes populaires contre la domination tyrannique des aristocrates et des prêtres. Durant les années 1980, la mode ayant changé, on mit en avant des causes écologiques. Les cultures mayas auraient épuisé le sol... Durant les années 2000, sous l'influence du pacifisme engendré par la guerre d'Irak, on prétendit que ce qui avait miné la société maya, ce furent les guerres incessantes que se livraient les cités-Etats.
Or, avant de se pencher sur la disparition des Mayas, il eut été bon d'examiner comment la civilisation maya a pu naître et se développer dans un environnement aussi défavorable que le Peten. On sait que les civilisations nées au néolithique et à l'âge du bronze reposaient sur les cultures céréalières, lesquelles permettaient de distraire une partie de la population des tâches agricoles. L'existence d'un fleuve accroissait la fertilité des sols et était un facteur adjuvant. Ainsi naquirent les civilisations du Nil, du Tigre et de l'Euphrate, de l'Indus, du Gange, du Fleuve Jaune. En Amérique centrale se développa une civilisation du maïs. Mais en l'absence d'un fleuve, elle prit un à deux millénaires de retard sur les civilisations de l'ancien continent. Cela lui fut fatal: lorsqu'arrivèrent les Espagnols, ils se trouvèrent en présence de civilisations encore au stade de l'Egypte pharaonique.
Cependant, les forêts tropicales du Peten ne se prêtaient en aucune manière à la culture de céréales. Les Mayas connaissaient le maïs, mais l'essentiel de leur alimentation consistait en légumineuses (haricots) et en bananes (plantain).Ce n'était pas sur cette base qu'on pouvait édifier une civilisation. Le fondement de la civilisation maya de l'époque classique était la culture et le commerce du cacao. Celui-ci était extrêmement prisé dans toute l'Amérique centrale, et servait même de monnaie lors de l'arrivée des Espagnols. Les Mayas exportaient le cacao vers les civilisations du centre du Mexique. Mais, en échange, il leur fallait une marchandise de valeur et facile à transporter, car les communications étaient très difficiles. Que recevaient, donc, les Mayas? Des esclaves, que les gens du centre se procuraient au cours de leurs guerres.Ce sont ces esclaves qui construisaient les édifices mayas, surtout religieux. Une fois le temps de la récolte du cacao arrivée, ils étaient sacrifiés, et arrivait une nouvelle génération d'esclaves.
Mais vers la fin du VIIIème siècle, les civilisations du Mexique central, notamment Teotihuacan, s'effondrèrent, probablement à la suite d'invasions barbares venues du nord. Voilà, donc, les Mayas privés de débouchés pour leur cacao, et, par conséquent, d'esclaves. Les constructions s'arrêtèrent, même si les cités les plus belliqueuses se procurèrent encore des esclaves au cours de guerres intestines. Mais il y eut pire. Car les cultures de cacao furent abandonnées. Or, sous le climat du Peten, le drainage de ces cultures s'imposait. Faute de quoi, elles se transformaient en marécages. Ceux-ci attirèrent les moustiques, et ceux-là, sous ces latitudes, amenèrent la fièvre jaune. Les ravages de celle-ci, au IXème siècle, firent disparaître une cité après l'autre. Car il n'existait que deux remèdes: la démoustication, ou la fuite. Mort d'une civilisation.
Ludovic Damansky
On sait que la civilisation maya apparut au 1er millénaire avant l'ère chrétienne. Durant la période classique, elle s'étendit sur le Peten, région de forêts tropicales humides, allant du Chiapas, dans le sud du Mexique, jusqu'au nord du Honduras, en passant par les plaines basses du Guatemala. Ce peuplement maya disparaît complètement au IXème siècle, pour resurgir un siècle plus tard plus au nord, dans le Yucatan. Cependant, cette période post classique fut assez différente de la précédente. Les Mayas fusionnèrent avec un autre peuple, les Toltèques. Le Yucatan est une zone de savanes sèches, et l'économie y repose sur la culture du maïs. La désertification progressive du Yucatan affaiblira la société maya, et l'arrivée
des Espagnols lui portera le coup de grâce.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la disparition de la civilisation classique. On a énormément brodé là-dessus. Les archéologues, qui sont un groupe socio-professionnel politiquement très orienté à gauche, ont, durant les années 1960, soutenu_ sans la moindre preuve à l'appui_ que la société maya s'était effondrée à la suite de révoltes populaires contre la domination tyrannique des aristocrates et des prêtres. Durant les années 1980, la mode ayant changé, on mit en avant des causes écologiques. Les cultures mayas auraient épuisé le sol... Durant les années 2000, sous l'influence du pacifisme engendré par la guerre d'Irak, on prétendit que ce qui avait miné la société maya, ce furent les guerres incessantes que se livraient les cités-Etats.
Or, avant de se pencher sur la disparition des Mayas, il eut été bon d'examiner comment la civilisation maya a pu naître et se développer dans un environnement aussi défavorable que le Peten. On sait que les civilisations nées au néolithique et à l'âge du bronze reposaient sur les cultures céréalières, lesquelles permettaient de distraire une partie de la population des tâches agricoles. L'existence d'un fleuve accroissait la fertilité des sols et était un facteur adjuvant. Ainsi naquirent les civilisations du Nil, du Tigre et de l'Euphrate, de l'Indus, du Gange, du Fleuve Jaune. En Amérique centrale se développa une civilisation du maïs. Mais en l'absence d'un fleuve, elle prit un à deux millénaires de retard sur les civilisations de l'ancien continent. Cela lui fut fatal: lorsqu'arrivèrent les Espagnols, ils se trouvèrent en présence de civilisations encore au stade de l'Egypte pharaonique.
Cependant, les forêts tropicales du Peten ne se prêtaient en aucune manière à la culture de céréales. Les Mayas connaissaient le maïs, mais l'essentiel de leur alimentation consistait en légumineuses (haricots) et en bananes (plantain).Ce n'était pas sur cette base qu'on pouvait édifier une civilisation. Le fondement de la civilisation maya de l'époque classique était la culture et le commerce du cacao. Celui-ci était extrêmement prisé dans toute l'Amérique centrale, et servait même de monnaie lors de l'arrivée des Espagnols. Les Mayas exportaient le cacao vers les civilisations du centre du Mexique. Mais, en échange, il leur fallait une marchandise de valeur et facile à transporter, car les communications étaient très difficiles. Que recevaient, donc, les Mayas? Des esclaves, que les gens du centre se procuraient au cours de leurs guerres.Ce sont ces esclaves qui construisaient les édifices mayas, surtout religieux. Une fois le temps de la récolte du cacao arrivée, ils étaient sacrifiés, et arrivait une nouvelle génération d'esclaves.
Mais vers la fin du VIIIème siècle, les civilisations du Mexique central, notamment Teotihuacan, s'effondrèrent, probablement à la suite d'invasions barbares venues du nord. Voilà, donc, les Mayas privés de débouchés pour leur cacao, et, par conséquent, d'esclaves. Les constructions s'arrêtèrent, même si les cités les plus belliqueuses se procurèrent encore des esclaves au cours de guerres intestines. Mais il y eut pire. Car les cultures de cacao furent abandonnées. Or, sous le climat du Peten, le drainage de ces cultures s'imposait. Faute de quoi, elles se transformaient en marécages. Ceux-ci attirèrent les moustiques, et ceux-là, sous ces latitudes, amenèrent la fièvre jaune. Les ravages de celle-ci, au IXème siècle, firent disparaître une cité après l'autre. Car il n'existait que deux remèdes: la démoustication, ou la fuite. Mort d'une civilisation.
Ludovic Damansky