La "Culture" selon Iain M. Banks
Vient de paraître, aux éditions Robert Laffont, le nouveau roman de science-fiction de Iain M. Banks, "Les enfers virtuels". Très supérieur au précédent dans le cycle de "la Culture", "Trames", qui était assez décevent. Banks est le plus doué des auteurs contemporains de science-fiction. Il peut être considéré comme le successeur de Jack Vance, dont il partage l'imagination exubérante. Mais, il est vrai, sans la rigueur et le souci de vraisemblance du vieux maître. Ni, est-il besoin d'ajouter, son conservatisme et sa pruderie.
Plus que les aventures elles-mêmes, ce qui est particulièrement intéressant, c'est cette civilisation galactique, dénommée "la Culture". Elle est expansionniste, mais de manière discrète, et, quasiment, hypocrite. Et elle cherche, manifestement, à imposer à l'univers son modèle de civilisation, tenu, sans discussion, pour le meilleur existant. On pourrait, donc, penser qu'il s'agit, là, d'un hymne au "néoconservatisme". On serait complètement dans l'erreur. Banks fut un opposant farouche de l'intervention britannique en Irak. En fait, la "Culture" est une civilisation libertaire et hédoniste, où règne une complète anarchie sexuelle, qui est athée et qui rejette les "valeurs traditionnelles".Des machines plus intelligentes que les humains dirigent, et décident de tout. Selon le mot même de l'auteur, les humains ne sont plus que des "touristes". C'est l'utopie dont rêvent les intellectuels lecteurs du Guardian et du NY Times _ en France, du Monde.
Curieusement, dans cette civilisation dénommée la "Culture", la culture au sens communément admis est totalement absente. Forcément, c'est une société sans passé. Du passé, faisons table rase... Là, on éprouve une sensation de "déjà vu". Mais, bien sûr, on reconnaît la vision du Meilleur des mondes", (1932), d'Aldous Huxley. Sauf qu'à l'inverse de celui-ci, il s'agit, pour Banks, de la société idéale. Voilà l'aboutissement naturel de l'idéologie prônée par les babyboomers(1946-1975), les révoltés de 1968. Une génération irresponsable, immature, démissionnaire. Certes, notre futur ne sera pas la "Culture", paradis pour bobos, cette société où "l'on jouit sans entraves", en se reposant sur des robots intelligents protégeant des humains infantilisés. Car notre avenir est déjà là : c'est la vieille Europe, décadente, et, bientôt, en faillite. Pas seulement financière, mais morale et politique Si salut il y a, il viendra d'Amérique...
Irène Blasbalk Janvier 2012.
Vient de paraître, aux éditions Robert Laffont, le nouveau roman de science-fiction de Iain M. Banks, "Les enfers virtuels". Très supérieur au précédent dans le cycle de "la Culture", "Trames", qui était assez décevent. Banks est le plus doué des auteurs contemporains de science-fiction. Il peut être considéré comme le successeur de Jack Vance, dont il partage l'imagination exubérante. Mais, il est vrai, sans la rigueur et le souci de vraisemblance du vieux maître. Ni, est-il besoin d'ajouter, son conservatisme et sa pruderie.
Plus que les aventures elles-mêmes, ce qui est particulièrement intéressant, c'est cette civilisation galactique, dénommée "la Culture". Elle est expansionniste, mais de manière discrète, et, quasiment, hypocrite. Et elle cherche, manifestement, à imposer à l'univers son modèle de civilisation, tenu, sans discussion, pour le meilleur existant. On pourrait, donc, penser qu'il s'agit, là, d'un hymne au "néoconservatisme". On serait complètement dans l'erreur. Banks fut un opposant farouche de l'intervention britannique en Irak. En fait, la "Culture" est une civilisation libertaire et hédoniste, où règne une complète anarchie sexuelle, qui est athée et qui rejette les "valeurs traditionnelles".Des machines plus intelligentes que les humains dirigent, et décident de tout. Selon le mot même de l'auteur, les humains ne sont plus que des "touristes". C'est l'utopie dont rêvent les intellectuels lecteurs du Guardian et du NY Times _ en France, du Monde.
Curieusement, dans cette civilisation dénommée la "Culture", la culture au sens communément admis est totalement absente. Forcément, c'est une société sans passé. Du passé, faisons table rase... Là, on éprouve une sensation de "déjà vu". Mais, bien sûr, on reconnaît la vision du Meilleur des mondes", (1932), d'Aldous Huxley. Sauf qu'à l'inverse de celui-ci, il s'agit, pour Banks, de la société idéale. Voilà l'aboutissement naturel de l'idéologie prônée par les babyboomers(1946-1975), les révoltés de 1968. Une génération irresponsable, immature, démissionnaire. Certes, notre futur ne sera pas la "Culture", paradis pour bobos, cette société où "l'on jouit sans entraves", en se reposant sur des robots intelligents protégeant des humains infantilisés. Car notre avenir est déjà là : c'est la vieille Europe, décadente, et, bientôt, en faillite. Pas seulement financière, mais morale et politique Si salut il y a, il viendra d'Amérique...
Irène Blasbalk Janvier 2012.