Le choc des civilisations.
Depuis deux mille ans, ce n'est pas une civilisation, mais plusieurs qui se succédèrent en Europe, ponctuées de ruptures brutales : l'Antiquité impériale romaine (-49 à 568), le Moyen-Age (568 à 1430), la Renaissance (1430 à 1555), les Guerres de religions (1555 à 1648), les Etats-Nations (1648 à 1918). Rien à voir avec la belle continuité, depuis plus de trois mille ans, de la civilisation chinoise, que le confucianisme, et, mille ans plus tard, l'introduction du bouddhisme, sont venus renforcer, plutôt qu'interrompre. L'ère des Etats-Nations, des traités de Westphalie (1618), à ceux de Versailles (1918), constituèrent une nouveauté absolue. En 1918, on est rentrés dans une ère nouvelle, que l'on peut qualifier de "Choc des civilisations". Celui-ci ne se situe donc pas devant nous, comme on le croit le plus souvent : nous le subissons depuis près d'un siècle ! Désormais, les affrontements idéologiques ont pris le pas sur ceux opposant les Etats. Les conflits entre ceux-ci, de relativement bénins _ la "guerre en dentelles"_ ont dégénéré _ les guerres napoléoniennes_ pour aboutir, à partir d'un incident relativement mineur, à une boucherie innommable, la "première" guerre mondiale. Depuis, la civilisation occidentale, la plus avancée de toutes _définie par la démocratie, l'Etat de droit, les libertés individuelles, etc _ , est contestée en permanence par des idéologies rétrogrades, le nazisme, le communisme, l'Islam, etc. Que le nazisme ait trouvé son point d'appui en Allemagne, et le communisme en Russie, doivent être tenus pour des éléments fortuits. Peut-on, d'ailleurs, parler, encore, d'une suite de conflits ? Ou ne sommes-nous pas entrés, en 1918, dans une guerre mondiale continue, avec des périodes de forte (par exemple, entre 1939 et 1945) et de faible intensité ? Ce qui revient à dire que des concepts tels que ceux d'"ingérence" ou d'"intervention" n'ont plus aucun sens, car ils ne peuvent se comprendre que dans la perspective, révolue, des Etats-Nations. Les régimes de Saddam Hussein et de Mannouar Khadafi étaient en situation conflictuelle avec la civilisation occidentale dès leur formation. On n'a fait que passer à leur liquidation pour des raisons circonstancielles.
Deux observations subsidiaires. Et qu'en est-il du "droit international " ? Celui-ci repose sur les traités et conventions : autant dire qu'il constitue, dans une large mesure, une fiction. Les résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies n'ont de valeur que de recommandations. Aussi trouvent-elles leur destination naturelle : le panier à papiers. Quant à celles du Conseil de Sécurité, elles reviennent à demander l'autorisation , pour intervenir, à la Russie et à la Chine, deux entités sans rapport avec la démocratie, et hostiles à l'Occident. Et qui , au demeurant, mènent leurs propres guerres en se souciant comme d'une guigne du Conseil de Sécurité : voir l'agression de la Géorgie par la Russie. Bref, on est en pleine farce. On peut, d'ailleurs, se demander si l'ONU survivra au retour, probable, au pouvoir, aux Etats-Unis, des républicains, en 2013.
L'autre observation se rapporte au cas d'Israël, et des Balkans : le concept d'Etat-Nation s'y trouve-t-il également dépassé ? Assurément. Mais il faut tenir compte de que les notions de démocratie, et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ( l'"identité nationale"), font partie intégrante de l'idéologie occidentale. C'est pour ces raisons qu'il était justifié d'intervenir en faveur de la Bosnie et du Kosovo, nonobstant le fait que leurs populations étaient musulmanes. En effet, il n'est pas question de ressusciter les guerres de religions. Le conflit avec l'Islam est exclusivement d'ordre politique, dans la mesure où la fraction la plus radicale de celui-ci cherche à mener une guerre de conquête en Europe. Quant à Israël, il s'agit d'un avant poste occidental en territoire ennemi. Les politiques "arabes" ou "propalestiniennes" constituent, donc, autant de trahisons caractérisées.
La démocratie repose sur un consensus, lequel permet l'alternance, la cohabitation (en France), les larges coalitions (en Allemagne), etc. Lorsqu'il disparaît, on passe à l'état de guerre civile. N'approchons-nous pas, rapidement, d'un tel cas de figure ? La prochaine guerre mondiale _ ou situation conflictuelle de forte intensité _ prendra le caractère de guerre civile généralisée (sur le modèle de la guerre d'Espagne), et pourraît fort bien se produire avant dix ans. La civilisation occidentale, parce qu'elle est de loin la plus avancée, a la vocation de s'imposer à la planète tout entière. Ce sera, alors, enfin, la fin de l'Histoire.
Theo Gregnors Mai 2011
Depuis deux mille ans, ce n'est pas une civilisation, mais plusieurs qui se succédèrent en Europe, ponctuées de ruptures brutales : l'Antiquité impériale romaine (-49 à 568), le Moyen-Age (568 à 1430), la Renaissance (1430 à 1555), les Guerres de religions (1555 à 1648), les Etats-Nations (1648 à 1918). Rien à voir avec la belle continuité, depuis plus de trois mille ans, de la civilisation chinoise, que le confucianisme, et, mille ans plus tard, l'introduction du bouddhisme, sont venus renforcer, plutôt qu'interrompre. L'ère des Etats-Nations, des traités de Westphalie (1618), à ceux de Versailles (1918), constituèrent une nouveauté absolue. En 1918, on est rentrés dans une ère nouvelle, que l'on peut qualifier de "Choc des civilisations". Celui-ci ne se situe donc pas devant nous, comme on le croit le plus souvent : nous le subissons depuis près d'un siècle ! Désormais, les affrontements idéologiques ont pris le pas sur ceux opposant les Etats. Les conflits entre ceux-ci, de relativement bénins _ la "guerre en dentelles"_ ont dégénéré _ les guerres napoléoniennes_ pour aboutir, à partir d'un incident relativement mineur, à une boucherie innommable, la "première" guerre mondiale. Depuis, la civilisation occidentale, la plus avancée de toutes _définie par la démocratie, l'Etat de droit, les libertés individuelles, etc _ , est contestée en permanence par des idéologies rétrogrades, le nazisme, le communisme, l'Islam, etc. Que le nazisme ait trouvé son point d'appui en Allemagne, et le communisme en Russie, doivent être tenus pour des éléments fortuits. Peut-on, d'ailleurs, parler, encore, d'une suite de conflits ? Ou ne sommes-nous pas entrés, en 1918, dans une guerre mondiale continue, avec des périodes de forte (par exemple, entre 1939 et 1945) et de faible intensité ? Ce qui revient à dire que des concepts tels que ceux d'"ingérence" ou d'"intervention" n'ont plus aucun sens, car ils ne peuvent se comprendre que dans la perspective, révolue, des Etats-Nations. Les régimes de Saddam Hussein et de Mannouar Khadafi étaient en situation conflictuelle avec la civilisation occidentale dès leur formation. On n'a fait que passer à leur liquidation pour des raisons circonstancielles.
Deux observations subsidiaires. Et qu'en est-il du "droit international " ? Celui-ci repose sur les traités et conventions : autant dire qu'il constitue, dans une large mesure, une fiction. Les résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies n'ont de valeur que de recommandations. Aussi trouvent-elles leur destination naturelle : le panier à papiers. Quant à celles du Conseil de Sécurité, elles reviennent à demander l'autorisation , pour intervenir, à la Russie et à la Chine, deux entités sans rapport avec la démocratie, et hostiles à l'Occident. Et qui , au demeurant, mènent leurs propres guerres en se souciant comme d'une guigne du Conseil de Sécurité : voir l'agression de la Géorgie par la Russie. Bref, on est en pleine farce. On peut, d'ailleurs, se demander si l'ONU survivra au retour, probable, au pouvoir, aux Etats-Unis, des républicains, en 2013.
L'autre observation se rapporte au cas d'Israël, et des Balkans : le concept d'Etat-Nation s'y trouve-t-il également dépassé ? Assurément. Mais il faut tenir compte de que les notions de démocratie, et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ( l'"identité nationale"), font partie intégrante de l'idéologie occidentale. C'est pour ces raisons qu'il était justifié d'intervenir en faveur de la Bosnie et du Kosovo, nonobstant le fait que leurs populations étaient musulmanes. En effet, il n'est pas question de ressusciter les guerres de religions. Le conflit avec l'Islam est exclusivement d'ordre politique, dans la mesure où la fraction la plus radicale de celui-ci cherche à mener une guerre de conquête en Europe. Quant à Israël, il s'agit d'un avant poste occidental en territoire ennemi. Les politiques "arabes" ou "propalestiniennes" constituent, donc, autant de trahisons caractérisées.
La démocratie repose sur un consensus, lequel permet l'alternance, la cohabitation (en France), les larges coalitions (en Allemagne), etc. Lorsqu'il disparaît, on passe à l'état de guerre civile. N'approchons-nous pas, rapidement, d'un tel cas de figure ? La prochaine guerre mondiale _ ou situation conflictuelle de forte intensité _ prendra le caractère de guerre civile généralisée (sur le modèle de la guerre d'Espagne), et pourraît fort bien se produire avant dix ans. La civilisation occidentale, parce qu'elle est de loin la plus avancée, a la vocation de s'imposer à la planète tout entière. Ce sera, alors, enfin, la fin de l'Histoire.
Theo Gregnors Mai 2011